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ParsifalParsifal

Parsifal
La quête du Graal

À Montsalvat, une communauté de chevaliers garde le Saint Graal, calice où Joseph d’Arimathie recueillit le sang du Christ en croix, ainsi que la Sainte Lance, qui causa la blessure d’où s’écoula ce sang. Klingsor, qui voulut autrefois devenir chevalier du Graal mais fut rejeté par son vieux roi Titurel, se mit à vouer à la communauté du Graal une haine inexpiable, cherchant par tous les moyens à les perdre – réussissant même à leur voler la Sainte Lance.

Le vieux roi Titurel, trop faible, a laissé le pouvoir à son fils Amfortas, mais Klingsor est parvenu à blesser ce dernier de cette Sainte Lance. La blessure ne guérit pas.
Survient un jeune chevalier, totalement innocent, pur de tout péché : Parsifal. Kundry, la sensuelle auxiliaire de Klingsor chargée de faire tomber les chevaliers du Graal dans le péché de chair, tente de séduire le jeune héros. Mais ce dernier ne tombe pas dans ses pièges et récupère la Sainte Lance, qu’il ramène à la communauté du Graal. La communauté a trouvé un nouveau guide, et l’ordre est enfin rétabli.

 

Des interprètes d'exception

Dès 1845, Wagner s’intéresse au Parzival de Wolfram von Eschenbach, une adaptation faite au XIIIe siècle du Perceval de Chrétien de Troyes (XIIe), dont il s’est déjà inspiré pour Lohengrin (1850). Trente années plus tard, il remonte, avec Parsifal, le cours de la légende (Parsifal étant le père de Logengrin). Le compositeur aborde une fois encore le thème de la rédemption, accomplie par un être prédestiné et consacre le triomphe du croyant sur l’impie. S’il part du Parzival de Wolfram, Wagner puise à de nombreuses autres sources : il étudie d’autres versions et récits de la légende de Parsifal, s’inspire de la philosophie de Schopenhauer et du bouddhisme. Une telle « œuvre d’art rédemptrice » ne peut être présentée, selon son auteur, qu’à Bayreuth, c’est à dire sur une scène consacrée, et non dans un quelconque théâtre d’opéra comme une vulgaire œuvre de divertissement. Wagner obtient de Louis II de Bavière que Parsifal soit représenté exclusivement à Bayreuth, et ce pendant trente ans. Pourtant en 1903, le Metropolitan Opera de New York osera représenter l’œuvre qui le sera ensuite dans le monde entier. Parsifal fut l’unique opéra de Wagner créé pour Bayreuth. La partition et son orchestration répondent aux possibilités acoustiques offertes par la célèbre fosse « mystique ».

Après Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Jim Mahoney) en 2010, Cavalleria Rusticana (Turridu) en 2014 et Tiefland (Pedro) en 2017, le ténor autrichien Nikolai Schukoff retrouve la scène du Capitole pour le rôle de Parsifal qu’il a interprété à plusieurs reprises depuis son remplacement de Placido Domingo en 2007, au Staatsoper de Munich. À ses côtés, la mezzo-soprano française Sophie Koch abordera le rôle de Kundry pour la première fois. Somptueuse Ariane dans Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas ici-même la saison dernière, nul doute que la splendeur de son timbre révélera toute l’intensité du caractère tourmenté et torturé de la Servante des Chevaliers du Graal. Narrateur, maître de cérémonie et officiant, le rôle de Gurnemanz sera confié à la basse anglaise Peter Rose qui fera à cette occasion ses débuts sur la scène du Capitole. Semperoper de Dresde, Teatro Real de Madrid et Staatsoper de Vienne figurent parmi les grandes scènes lyriques qui ont déjà applaudi le baryton allemand Matthias Goerne dans le rôle d’Amfortas. Après plusieurs récitals sur notre scène, dont le dernier en 2019, le chanteur nous offrira son interprétation du Roi des Chevaliers du Graal qui devrait revêtir une dimension poétique et douloureuse sans pareille. Le père d’Amfortas, Titurel, aura les traits de la basse Julien Véronèse, invité il y a peu pour le rôle d’Oroveso dans Norma et le rôle du magicien Klingsor sera confié au baryton Pierre-Yves Pruvot. Les sopranos Andreea Soare, Marion Tassou, Elena Poesina, Céline Laborie et les mezzos-sopranos Adèle Charvet et Juliette Mars seront les Filles-Fleurs. Notons que Juliette Mars donnera un récital le 30 janvier dans le cadre des Midis du Capitole. Le ténor Kristofer Lundin et la basse Yuri Kissin en Chevaliers du Graal, ainsi que les ténors Enguerrand de Hys et François Almuzara en Écuyers compléteront cette distribution.

 

Entretien d'Aurélien Bory pour le Théâtre du Capitole

Parsifal est une œuvre très riche et complexe, remplie d’allusions et de symboles tirés de diverses religions et cultures… Pour vous, de quoi parle réellement cet ouvrage ? Comment le résumeriez-vous à un néophyte ?
Schématiquement Parsifal est une dualité entre le bien et le mal, entre la nature et la culture, entre le masculin et le féminin, entre le corps et l’esprit, entre l’ombre et la lumière, en chaque être humain. La quête du Graal repose sur un manque, sur l’idée d’incomplétude de l’homme. La figure de Parsifal suit un chemin initiatique entre la pureté par l’ignorance de l’enfant et celle enfin acquise par la connaissance. Dans cette quête, Wagner insiste sur le motif du renoncement. La quête du Graal devient en guise d’immortalité la re-génération de la vie. Wagner use de beaucoup d’influences : l’histoire du Graal est issue de la mythologie celtique, elle passe de Chrétien de Troyes à Wolfram von Eschenbach, qui lui même s’est inspiré d’un mystérieux poète Kyot le Provençal. Mais Wagner la reprend en essayant de faire le lien entre le christianisme et le bouddhisme, influence de sa lecture de Shoppenhauer. C’est ce recours à l’orient qui m’a intéressé et que j’ai voulu développer.

La figure de Kundry a fait couler beaucoup d’encre : mi ange mi démon, elle est celle par qui la blessure arrive, mais aussi celle qui soigne et réconforte. Comment comprenez-vous ce personnage et comment allez-vous le traiter ?
Wagner a eu l’idée géniale de réunir en un seul personnage les deux femmes présentes dans l’œuvre de Chrétien de Troyes. Elle porte ainsi en elle toute l’ambivalence des pulsions, l’aliénation du désir et le désir d’élévation. Elle est à la fois la figure de l’amante, la mère, la sainte, la rédemptrice et la coupable, ce qui en fait le personnage le plus humain. Ainsi j’ai décidé de la montrer sur le plateau comme figure du double. Il y aura aux côtés de Sophie Koch qui interprète le rôle la danseuse Stéphanie Fuster.

Pensez-vous que les thématiques contenues dans cet opéra puissent parler à tout spectateur de notre temps ?
Notre condition métaphysique, entre ciel et terre, n’a pas beaucoup changé. Toutes les mystiques en ce sens se rejoignent. Les entrées sont multiples dans Parsifal, et il toujours possible d’en saisir une. Pour ma part, je suis sensible au recours à l’art. C’est en quelque sorte la réponse de Wagner et que Dostoïevski a si bien formulé, à peu près à la même époque, « la beauté sauvera le monde…».

Plus largement, pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre projet de mise en scène : à quoi va-t-il ressembler ? quelles ont été vos sources d’inspiration ?
J’ai été délibérément vers la figure de Mani, le prophète perse. Mani est une figure qui propose également une relecture de la figure du christ. Un des fondements du manichéisme est de séparer le monde en deux : le royaume de la Lumière, le royaume de la Vie divine, où s’exprime ce qui est de l’éternité ; le royaume des Ténèbres, le royaume de la matière, le royaume des « morts », où s’exprime ce qui est de l’espace-temps. Mani divise le monde entre les ténèbres et la lumière. L’idée de l’ombre et de la lumière traverse Parsifal, il s’agit davantage de leur accouplement, de leur nécessaire co-présence, de leur distinction, autant que de leur complémentarité. J’ai voulu ainsi faire de Parsifal un théâtre d’ombre. Mais le théâtre d’ombre et de lumière que j’imagine est cinétique, il suit le parcours initiatique de Parsifal. Il suit aussi le rythme des transformations permanentes de la musique. Tout est toujours en mouvement dans la musique de Wagner. Les motifs se forment et s’éloignent, comme si nous étions toujours entourés des mêmes influences, des mêmes pensées, que nous cherchons à assembler autrement et dont nous tentons de trouver l’équilibre dans le mouvement. Rien n’est et tout devient. En ayant recours au théâtre d’ombre, c’est-à-dire à une forme ancestrale de représentation, j’ai voulu redonner à Parsifal une dimension mythique et universelle.

 

Frank Beermann
Direction musicale

Le chef d’orchestre allemand Frank Beermann s’est distingué sur la scène internationale tant par ses fulgurantes interprétations en concert que par ses nombreux enregistrements. Son insatiable curiosité pour les œuvres nouvelles, la redécouverte d’œuvres oubliées mais aussi pour la ré-interprétation du répertoire de base lui a valu d’innombrables prix. Les opéras de Richard Wagner constituent une partie importante de son répertoire ; ses interprétations de Tristan et Isolde, Tannhauser et Lohengrin dans le cadre des Projets Wagner à Minden, suivis des trois premiers volets de la Tétralogie au même endroit, ont été couverts d’éloges dans la presse nationale et internationale. Le vaste éventail de ses enregistrements, consacrés autant au répertoire de base qu’aux œuvres contemporaines ou aux redécouvertes, a été largement primé, recevant entre autres les « Echo Klassik » de 2009 et 2015.
Depuis de nombreuses années déjà, Frank Beermann se consacre intensément aux œuvres symphoniques de Strauss, Mahler et tout particulièrement Bruckner. Au cours des dix dernières années, il a dirigé les symphonies complètes de Beethoven, Brahms, Schubert, Schumann, Mahler (à l’exception de la 8 e) et Strauss sous forme de séries de concerts, ainsi que l’intégrale des concertos pour piano avec Matthias Kirschnereit et les Bamberger Sinfoniker. Il travaille également sur un nouveau cycle au Hamm Klassiksommer, donnant l’intégrale des symphonies de Mozart sur plusieurs saisons.
De 2007 à 2016, Frank Beermann a tenu les postes de directeur musical général du Théâtre de Chemnitz et chef d’orchestre principal de la Robert-Schumann-Philharmonie. Parmi ses engagements récents figurent ses débuts avec l’Athens State Orchestra, le Philharmonia Orchestra London, à l’Aalto Theater Essen et au Staatstheater Stuttgart. En 2018/2019, il dirige La Chauve-Souris et Ariane à Naxos à l’Opéra de Lausanne, ainsi que la Symphonie « Leningrad » de Chostakovitch avec l’Athens State Orchestra. Avec les représentations en septembre 2018 du Crépuscule des Dieux, il complète la Tétralogie de Wagner dans le cadre du « Ring in Minden » ; cet ambitieux projet, lancé en 2015 sous sa direction artistique, a rencontré un succès fulgurant.

 

Festival scénique sacré en trois actes
Livret de Richard Wagner

Création le 26 juillet 1882 au Festival de Bayreuth

NOUVELLE PRODUCTION

En partenariat avec le ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, dans le cadre du Portrait/Paysage consacré à Aurélien Bory

Frank Beermann direction musicale
Aurélien Bory mise en scène
Aurélien Bory, Pierre Dequivre scénographie
Manuela Agnesini costumes
Arno Veyrat lumières

Nikolai Schukoff Parsifal
Sophie Koch Kundry
Peter Rose Gurnemanz
Matthias Goerne Amfortas
Pierre-Yves Pruvot Klingsor
Julien Véronèse Titurel
Andreea Soare Première Fille-Fleur
Marion Tassou Deuxième Fille-Fleur / Premier Écuyer
Adèle Charvet Troisième Fille-Fleur
Elena Poesina Quatrième Fille-Fleur
Céline Laborie Cinquième Fille-Fleur
Juliette Mars Sixième Fille-Fleur / Deuxième Écuyer / Voix d’en Haut
Kristofer Lundin Premier Chevalier du Graal
Yuri Kissin Deuxième Chevalier du Graal
Enguerrand de Hys Troisième Écuyer
François Almuzara Quatrième Écuyer

Orchestre national du Capitole
Chœur et Maîtrise du Capitole
Chœur de l’Opéra national de Montpellier-Occitanie / direction Alfonso Caiani