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AzimutAzimut

PIÈCE D’AURÉLIEN BORY AVEC LE GROUPE ACROBATIQUE DE TANGER (CRÉATION 2013)

Librement inspiré de la figure de Sidi Ahmed Ou Moussa
On appelle les acrobates marocains « Les enfants de Sidi Ahmed Ou Moussa ». Celui-ci était un illustre sage soufi du 16ème siècle dont le tombeau continue d’être un lieu de pèlerinage. Il est considéré comme le « Saint Patron » de l’acrobatie marocaine. Liée au soufisme, celle-ci n’est donc pas un art spectaculaire dès l’origine : elle est née d’une pratique rituelle berbère, composée de figures circulaires et pyramidales, dans lesquelles j’ai voulu reconnaître des représentations célestes et maternelles.

 

Carte de constellations, 1856

Dans le soufisme, quête ontologique, la question du chemin est centrale. Azimut vient de l’arabe Assamt, au pluriel Sumūt, qui signifie « les chemins ». Azimut est également un terme astronomique, qui mesure l’angle entre les astres et l’observateur. Le ciel est ainsi désigné. Dans la légende de Sidi Ahmed Ou Moussa, le sage parvient au ciel, mais regardant alors la terre et ses hommes, il préfère revenir. Son chemin, entre autres, m’a incité à prendre le motif du retour comme élément principal de l’écriture.
J’ai aimé l’idée de ce retour vers la terre-mère, retour où naissance et mort se rejoignent, retour comme orientation de l’existence. J’aime aussi rêver à ces vers de T.S. Eliot :

« Nous ne cesserons pas notre exploration
Et le terme de notre quête
Sera d’arriver là d’où nous étions partis »

Aurélien Bory, septembre 2013

 

Sidi Ahmed Ou Moussa a fait l'expérience de l'élévation céleste, mais il a choisi de retourner à la vie terrestre. Il m'a semblé que ce "chemin" était une belle métaphore du travail de l'acrobate.

 Aurélien Bory (Propos recueillis par Catherine Blondeau, directrice du Grand T à Nantes, octobre 2013)

[...] celui qui un jour veut apprendre à voler, celui-là doit d'abord apprendre à se tenir debout et à marcher et à courir, à grimper et à danser - ce n'est pas du premier coup d'aile que l'on conquiert l'envol !

 Friedrich Nietzsche

Interview d'Aurélien Bory

Propos recueillis par Catherine Blondeau, directrice du Grand T à Nantes, octobre 2013

Pour quelles raisons êtes-vous revenu vers le Groupe acrobatique de Tanger ?

Effectivement c’est un retour, et ce n’est pas forcément mon genre de revenir sur mes pas. Mais notre histoire ensemble est vraiment très forte et j’ai simplement désiré ces retrouvailles. Peut-être que Taoub ne nous avait pas tout dit ? L’acrobatie marocaine est un joyau, je voulais aller plus loin avec eux. Azimut n’aurait pas été possible il y a dix ans. Il a fallu tout ce chemin pour arriver à un travail de cette nature.

Justement à propos d’acrobatie, il n’y en a pas beaucoup dans Azimut, était-ce un choix de départ ?

Au contraire, l’acrobatie est partout dans le spectacle, pas forcément dans la forme que l’on connaît, mais dans ses racines profondes, notamment dans les figures célestes. L’idée de l’envol était mon point de départ. Le saut de l’acrobate est une tentative de vol maintes fois échouée. Le vol est aussi une machinerie de théâtre. D’où ce dialogue avec la gravité, nourri par les contrepoids, les fils et les corps en suspension.

Azimut est plongé dans un clair-obscur mystérieux d’où les figures surgissent un peu comme des apparitions. La « gravité » est-elle là aussi convoquée ?

J’ai voulu que ces apparitions soient avant tout surprenantes. Des questions profondes, spirituelles et existentielles, irriguent la dramaturgie d’Azimut. L’acrobatie marocaine est liée au soufisme par la figure de son Saint-Patron, Sidi Ahmed Ou Moussa. Je n’ai pas voulu nécessairement raconter son histoire, mais je m’en suis inspiré. Sidi Ahmed Ou Moussa a fait l’expérience de l’élévation céleste, mais il a choisi de retourner à la vie terrestre. Il m’a semblé que ce « chemin » était une belle métaphore du travail de l’acrobate.

L’itinéraire du Groupe acrobatique de Tanger est aussi exceptionnel qu’inattendu, de la plage de Tanger vers les scènes du monde entier. Quel regard portez-vous sur ce parcours ?

Ce que je retiens, c’est un double mouvement d’émancipation. Ce n’était pas écrit d’avance que les descendants de la famille Hammich, qui forme des acrobates depuis sept générations au cœur de la médina de Tanger, rencontrent un jour l’art contemporain et portent un regard différent sur leur pratique. Je suis heureux qu’Azimut aille dans le sens de leur non-assignation à un rôle déterminé d’acrobate, ou de marocain. Et je fais le pari que ce refus du cliché libère en retour notre regard sur eux et pose la question de notre propre émancipation.

 
le-monde

Aurélien Bory se met en Tanger
03 juin 2014

Le Groupe acrobatique de Tanger sur la grille métallique suspendue d' »Azimut »

Du beau, du doux, du mystérieux. Qui laisse muet, mais donne aussi envie d’en parler. Qui apaise et file une pêche intense. Le spectacle Azimut, mis en scène par Aurélien Bory pour le Groupe acrobatique de Tanger, possède les vitamines de l’invention et de l’émotion sans jamais tirer sur la corde des multiples images qu’il fait défiler.
Et pourtant il en pleut des images, toutes plus épatantes les unes que les autres. Des corps chutent et puis remontent, apparaissent et disparaissent. La lévitation est le maître mot de ce plateau où accessoires et interprètes font étrangement bloc en comptant sur l’obscurité pour ne pas dévoiler leurs dessous techniques chics.

ENTRE CIRQUE, THÉÂTRE ET MUSIQUE LIVE

Le surnaturel spectaculaire d’Azimut, avec ses ombres, ses fantômes, ses esprits, sert parfaitement la cause de l’irrationnel et de la pensée magique tels qu’ils irriguent la vie quotidienne au Maroc. Ils trouvent une issue inhabituelle dans cette cérémonie familiale entre cirque, théâtre et musique live. Sur les traces de Sidi Ahmed Ou Moussa, sage soufi du XVe siècle et saint patron des acrobates marocains, Azimut (de l’arabe as-samt qui veut dire chemin), comme son titre l’indique, a tracé la route en se risquant sur son côté… azimuté.
L’impact de ce groupe d’acrobates composé de neuf hommes et une femme – une deuxième complice féminine joue dans le spectacle sans participer directement aux figures de cirque – éclate dans des constructions humaines faussement simples. Une cordée de personnes qui se grimpent sur les épaules les unes les autres finit par tresser une guirlande sans fin ; des corps s’agglutinent pour faire front. Accompagnées par deux chanteurs et musiciens traditionnels, toutes les architectures humaines d’Azimut, massives et vulnérables à la fois, disent la communauté, son poids, sa protection, son cocon.
Les fondamentaux d’Aurélien Bory s’offrent une intéressante mise au point. L’addiction du metteur en scène aux scénographies lourdes est devenue l’un de ses paramètres identitaires. Un mur mobile soutenait Plan B (2003), une toile de chapiteau, Géométrie de caoutchouc (2011)… Il a imaginé ici une grille métallique, quadrillage hypnotique suspendu en fond de scène qui lui permet tous les stratagèmes. Il lui suffit aussi tout simplement d’une forêt de câbles qui vibre dans le noir pour allumer un feu de sensations.

« CETTE COLLABORATION EST L’INCARNATION DE LA BARAKA »

Est-ce l’humanité et la culture des acrobates marocains qui a drainé un tel souffle chez Aurélien Bory ? Il a déjà prouvé, dans des pièces consacrées à des interprètes telles Erection (2003) pour Pierre Rigal ou Plexus (2012) pour Kaori Ito, qu’il sait, avec empathie, amplifier le talent des autres tout en musclant son écriture.
Aurélien Bory a rencontré les acrobates tangérois en 2003, trois ans après la création de sa compagnie basée à Toulouse. Avec eux, il a mis en scène Taoub (2004), énorme succès public, auquel Azimut semble donner suite. Noyautée autour de la famille Hammich, dont les membres sont acrobates depuis sept générations, cette troupe a marqué son parcours d’une pierre blanche. Il aime à dire que « cette collaboration est l’incarnation de la baraka. Pour eux qui tournent dans le monde entier depuis dix ans, pour moi parce que cette rencontre a pris une place immense dans ma vie ».

Rosita Boisseau

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distribution

Conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory

Avec les artistes du Groupe acrobatique de Tanger Mustapha Aït Ouarakmane, Mohammed Hammich, Amal Hammich, Yassine Srasi, Achraf Mohammed Châaban, Adel Châaban, Abdelaziz El Haddad, Samir Lâaroussi, Younes Yemlahi, Lamiae El Alaoui (en remplacement de Jamila Abdellaoui)

Et les chanteurs Najib El Maïmouni Idrissi, Raïs Mohand

Chef du Groupe acrobatique de Tanger jusqu’en juin 2015 Younes Hammich
Directrice du Groupe acrobatique de Tanger Sanae El Kamouni
Création lumière Arno Veyrat
Composition musicale Joan Cambon
Sonorisation Stéphane Ley
Costumes Sylvie Marcucci
Conseiller à la dramaturgie Taïcyr Fadel
Régie générale Arno Veyrat
Plateau et manipulation Mickaël Godbille, Albin Chavignon, Thomas Dupeyron (en alternance)
Régie lumière Carole China, Olivier Dupré (en alternance)
Régie son Joël Abriac, Edouard Heneman (en alternance)
Décor et Machinerie Pierre Dequivre et l’atelier La fiancée du pirate
Vol Marc Bizet

Production des tournées Compagnie 111 – Aurélien Bory :
Directrice de Production 
Florence Meurisse
Administrateur
 Clément Séguier-Faucher
Production du Groupe acrobatique de Tanger Scènes du Maroc :
Chargée de production Sanae El Kamouni
Presse Agence Plan Bey

PRODUCTION DÉLÉGUÉE JUSQU’AU 30 JUIN 2014  Grand Théâtre de Provence
PRODUCTION À PARTIR DU 1er JUILLET 2014  Compagnie 111- Aurélien Bory

COPRODUCTION
Grand Théâtre de Provence – Aix-en-Provence, Marseille – Provence 2013 – Capitale européenne de la culture, compagnie 111 – Aurélien Bory, Scènes du Maroc, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Le Grand T théâtre de Loire-Atlantique – Nantes, Le Volcan scène nationale du Havre, Théâtre du Rond-Point – Paris, CIRCa Pôle national des arts du cirque Auch Gers Midi-Pyrénées, Agora Pôle national des arts du cirque – Boulazac Aquitaine, La Filature scène nationale – Mulhouse.

Avec le soutien de Conseil Général des Bouches-du-Rhône – Centre départemental de créations en résidence,
Avec l’aide de L’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public – Tournefeuille Toulouse Métropole
Azimut bénéficie du mécénat de la Fondation BNP Paribas, d’Assami, de Deloitte et de la Fondation d’entreprise Deloitte.
Scènes du Maroc bénéficie des soutiens de la Fondation BNP Paribas, la Fondation BMCI, l’Institut Français du Maroc.

Sur scène, on doit voir l'obscurité.

 Karl Kraus