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Installation

SPECTACULA signifie en latin « les places au théâtre ». L’installation suit littéralement cette définition et s’empare, comme seuls éléments qui la composent, des sièges du Théâtre Graslin.

La vie de ce lieu n’est qu’une alternance de salles pleines et de salles vides. Le soir un public apparaît dans ces sièges puis disparaît après la représentation. J’ai voulu ainsi travailler sur l’idée de disparition, que l’on peut associer à la mort. Et l’appliquer aux sièges, en pensant à toutes les personnes qui s’y sont succédé, et qui constituent finalement l’histoire de ce lieu.

Dans SPECTACULA, les sièges sont chacun des individualités isolées et solitaires qui ensemble forment un échantillon de l’humanité. L’installation suit un processus d’extinction. Les sièges s’éteignent les uns après les autres, inéluctablement, jusqu’au dernier, accomplissant là tout destin individuel et collectif. Et tout recommence, telles se succèdent les générations.

Aurélien Bory, juillet 2015 

 
le-monde

Spectaculaire « SPECTACULA »
06 juillet 2016

Le metteur en scène Aurélien Bory fait œuvre de plasticien en proposant une installation lumineuse dont la matière n’est qu’un théâtre et ces sièges.

Pénétrer dans le bâtiment par l’entrée des artistes, traverser les coulisses, puis déboucher sur la vaste scène du théâtre Graslin, plongée dans le noir. Dans SPECTACULA, installation d’Aurélien Bory, la lumière et le spectacle sont en effet côté salle : les sièges de velours bleu du théâtre sont éclairés individuellement, dans l’orchestre, mais aussi sur les trois étages de balcons dans un effet de 3D saisissant. Puis leur lumière bleutée, presque irréelle, laisse à son tour progressivement place au noir, avant de se rallumer.

L’auteur évoque «  différents scénarios d’extinction » : «  A chaque fois, tout s’éclaire au début, et tout est éteint à la fin, ce qui change, c’est la manière dont les sièges s’éteignent : par contagion, par dissémination, dilatation, envahissement… ». L’artiste a imaginé quinze variations, qui forment au total une boucle d’une douzaine de minutes, jouée en continu.

Sur un dispositif inerte, de simples sièges, ces scénarios lumineux introduisent des fictions minimalistes aux résonances existentielles : ces disparitions, inéluctables, esquissent des destins, collectifs et individuels, rappellent les cycles de la vie ; « On est face à une communauté de gens, une sorte de petite humanité. Quand tout est allumé, on commence par regarder le noir, ces absences qui s’installent d’abord massivement, puis le regard bascule sur ce qui est encore allumé : des solitudes, êtres isolés ou par couples », observe l’artiste.

Le silence qui règne dans la salle renforce cette dramaturgie simple et évocatrice. Aurélien Bory n’a pas souhaité l’illustrer par des sons, car bien que basée sur une programmation lumineuse transformant les dossiers des sièges en des sortes de pixels, celle-ci verse dans « le poétique, l’organique, plutôt que dans le technologique », précise-t-il. « J’ai privilégié un axe sensible. C’est une installation cinétique, mais pas de l’art cinétique : il n’y a pas de trouble de la perception rétinienne », analyse encore cet ancien scientifique, qui reste très influencé par la science dans ses choix esthétiques.

Il s’agit de la toute première installation du metteur en scène, qui crée depuis une quinzaine d’années des spectacles à la croisée des disciplines (théâtre, cirque, danse … ), où les arts visuels sont très présents. Pour ses débuts en tant que plasticien, il propose une œuvre dont la matière n’est autre qu’un théâtre, dont il explore autant l’espace que l’éthymologie. « Le terme de theatron désigne l’endroit du point de vue », rappelle-t-il. Lui a choisi d’inverser les points de vue pour que le spectateur voie l’endroit où il est habituellement assis. Le titre de l’installation, SPECTACULA, désigne d’ailleurs littéralement les places de théâtre.

Ce mot, mi- familier mi- bizarre, il le fait apparaître à l’extérieur du bâtiment, sur la façade du théâtre, en larges lettres de néon majuscules, comme une enseigne annonçant le programme du théâtre, et désignant tout à la fois le nom de l’œuvre et sa matière. Le jour, les passants le découvrent progressivement, sa lecture étant entravée par les larges colonnes du bâtiment, tandis que le soir Aurélien Bory en fait un mot-valise. En écho à l’installation, les lettres s’animent, s’allumant et s’éteignant alternativement pour laisser apparaître d’autres mots composés par ses lettres : « SCALA », « SEUL », « SEC », « CUL » …

Une approche typographique volontiers ludique qui crée des variations d’éclairage dans le vestibule du théâtre, faisant vibrer ses reliefs et ses sculptures de façon assez spectaculaires. « Je joue avec un mot qui veut dire quelque chose mais qu’on ne connaît pas, résume Aurélien Bory. Ce mot a quelque chose de drôle, on dirait un nom d’opérette ! ».

Emmanuelle Jardonnet

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L’installation SPECTACULA a été présentée à l’Opéra National de Bordeaux du 13 juillet au 27 août 2017.

DISTRIBUTION & PRODUCTION

DISTRIBUTION

Conception Aurélien Bory
Conception technique Coline Féral et David Lelièvre
Régie générale Joël Abriac, Arno Veyrat
Directrice des productions Florence Meurisse
Administrateur Clément Séguier-Faucher
Chargée de production Justine Cailliau Konkoj
Presse Agence Plan Bey

PRODUCTION Compagnie 111 – Aurélien Bory

Une commande conjointe du Voyage à Nantes et du Grand T théâtre de Loire-Atlantique, créée au Théâtre Graslin lors de l’édition 2015 du Voyage à Nantes.
Production à Toulouse de la Compagnie 111 – Aurélien Bory, en coproduction avec le TNT – Théâtre national de Toulouse.

La compagnie 111 – Aurélien Bory est conventionnée par le Ministère de la culture et de la communication – Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie / Pyrénées – Méditerranée, la Région Occitanie / Pyrénées – Méditerranée et la Ville de Toulouse. Elle reçoit le soutien du Conseil Départemental de la Haute-Garonne.

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Photos Théâtre Graslin – Nantes : Franck Tomps, Thomas Dupeyron
Photos TNT – Toulouse : Laurent Padiou
Photos Opéra de Bordeaux : Aglaé Bory